La commercialisation, depuis 2007, des produits alternatifs, quel résultat ?

par Zakariaa OURIQUA 15 Août 2009, 12:19 Finance Islamique

La commercialisation, depuis 2007, des produits alternatifs, quel résultat ?

Peut-on considérer que l’autorisation par Bank Al-Maghrib, à partir du 1er octobre 2007, de la commercialisation des trois produits alternatifs Ijara, Moucharaka et Mourabaha est une initiative qui vise l’adaptation de notre système aux changements planétaires dans le domaine financier ?

Les travaux de recherche que j’avais mené sur ces produits m’ont permis de découvrir que cette autorisation ne s’inscrit pas dans un brusque sursaut de religiosité et que les enjeux, ne sont pas seulement ceux déclarés officiellement, à savoir ; l’amélioration du taux de bancarisation et l’attraction des investisseurs arabes du golf, mais aussi idéologiques, économiques et politiques. Ces enjeux non déclarés et pour lesquels on avait très mal préparé les institutions de l’état, la population et les établissements bancaires, sont à l’origine de la problématique rencontrée par ces produits dans leur cohabitation avec leurs congénères classiques. Cet échec, préliminaire de cohabitation, s’est manifesté à travers le manque de motivation dans les établissements de crédit et les difficultés de commercialisation du peu d’offres lancées dans la batail. Il ne s’agit nullement d’une stratégie des banques pour éviter le phénomène de cannibalisation des offres classiques avec intérêt qui sont beaucoup plus rémunérateurs, mais d’un certain nombre de mesures qui ont défavorisé la compétitivité des nouveaux produits alternatifs conforme à la charia. Parmi ces mesures, qui ont entravé la stimulation de l’offre et la demande de ce créneau, nous trouvons :

- le maquillage de ces produits pour flatter la religion alors qu’il s’agit d’offres presque identiques dans le fond aux classiques. Ceci nous pousse à se demander si ce maquillage peut faire basculer un produit classique vers un autre islamique ?

- la restriction, par l’institution de tutelle, de la liberté dans le marketing de ces produits et la limitation de la marge de manœuvre en termes de communication ;

- l’absence d’un cadre fiscale propre à ces produits et l’harcèlement fiscale qu’ils subissent dans le régime actuel.

Donc, la commercialisation de ces produits alternatifs, enregistre un échec. Il est de notre devoir non seulement de critiquer cette initiative, mais d’ouvrir un débat profond en ce qui concerne l’opportunité d’ouverture des guichets islamiques au Maroc. Certes les produits financiers islamiques sont chargés en émotions et ne peuvent être considérés uniquement d’un point de vue technique, mais l’important pour notre pays, c’est qu’ils sonnent l’alarme sur certaines pratiques financières tels que les prêts généreux sans égard aux conséquences sociales ou environnementales ou encore le marchandage dans la monnaie sans se soucier de sa contrepartie productive.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
commentaires

Haut de page