Le Bâtiment Vert – Vers l’écologisation du secteur de la construction –

par Zakariaa OURIQUA 19 Novembre 2013, 20:12 Environnement

Le Bâtiment Vert – Vers l’écologisation du secteur de la construction –

La grande vague appelant à la protection de l'environnement avait commencé, à l'échelle planétaire, depuis le siècle dernier. Grâce aux multiples forums mondiaux consacrés à la question de la protection de la nature, les préoccupations écologiques sont devenues, désormais, une priorité aussi bien pour les associations que pour les gouvernements. Les campagnes gouvernementales sur des thèmes verts et le souci de durabilité ont, ainsi, imprégné presque tous les aspects de notre quotidien. Le domaine de la construction et de l’habitat n’a pu échapper à cette nouvelle tendance.

Aujourd’hui, la construction verte, stimulée par une prise de conscience grandissante de l’impact écologique de l’habitat et des activités humaines sur l’environnement, connaît un boom à travers le monde et particulièrement en Europe, en Australie, au Canada et sur les côtes des Etats-Unis. Cette nouvelle inclination reçoit un coup d’accélérateur grâce aux efforts consentis de par le monde pour d’une part, établir de nouvelles normes aux logements et immeubles et d’autre part éduquer les citoyens, l’industrie et les décideurs sur les nouvelles mesures du respect de l’environnement. Ainsi, le bâtiment vert confère à l’homme moderne, qui accorde de plus en plus une grande importance à la santé et prône des intérieurs sains, sécurisés et dépourvus des substances polluantes ou dangereuses, plusieurs avantages par rapport aux constructions conventionnelles. Il intègre des pratiques innovantes de conception et d’opération conformes à des normes, visant à réduire les impacts négatifs des constructions en ce qui concerne l’aménagement du site, la gestion de l’eau, la performance énergétique, l’utilisation des matériaux et des ressources et surtout la qualité de l’environnement intérieur et extérieur. En général, le bâtiment vert permet d’habiter sainement et assure une qualité de vie optimale.

Toutefois, bien que les nouvelles constructions vertes soient de plus en plus attractives, de nombreux concepts se superposent et s'entrechoquent causant, parfois, une cacophonie d'idées. En effet, il existe de multiples facettes de l'architecture écologique. Certaines s'intéressant surtout à la technologie ou la gestion et d'autres privilégient la santé de l'homme, ou encore placent le respect de la nature au centre de leurs préoccupations. Ces nombreuses solutions techniques existantes, souffrent d’une carence sur le marché de compétences nécessaires et sont souvent très onéreuses car elles ne sont, parfois, rentables que sur le long voir le très long terme.

A la problématique technique, financière et d’insuffisance de compétences, que nous avons évoquée précédemment, vient s’ajouter un autre casse-tête concernant le choix de la norme et de l’étiquetage de la construction verte. En l’absence d’une normalisation universelle des bâtiments verts, les spécialistes du domaine ont recours, le plus souvent, aux systèmes d’évaluation volontaires. Grâce à ces systèmes d'évaluation des bâtiments, les investisseurs, les autorités et les utilisateurs peuvent comparer les biens immobiliers au moyen d'une méthodologie qui montre, pendant toute la durée de vie de la construction, les performances environnementales réalisées. Ils évaluent les bâtiments à l'aide d'indicateurs correspondant aux différentes catégories d’immeubles. Des valeurs seuil sont définies pour ces indicateurs à la fois dans les réglementations nationales et internationales. Ces indicateurs sont combinés à l'aide de coefficients afin de fournir une évaluation globale pour chaque projet.

Dans ce cadre un certain nombre de pays ont mis en place des Conseils de la construction verte GBC (Green Building Council) destinés à piloter la certification des bâtiments verts. Ces conseils nationaux ont fondé un Conseil mondial de la construction verte WGBC (World Green Building Council) afin de comparer les réalisations et d'échanger les expériences. On parle, à nos jours, du système PromisE (un système finlandais d'évaluation et de classification environnementale pour les bâtiments neufs et existants), de la méthode BREEAM (Building Research Establishment’s Environmental Assessment Method) ou encore de la certification LEED (Leadership in Energy and Environmental Design) qui est un système d'évaluation conçu par le Comité de construction verte des États-Unis. Aussi, des labels écologiques existent. On peut citer, entre autres, le label HQE (Haute Qualité Environnementale), le label BBC (Bâtiment Basse Consommation), le label THPE (Très Haute Performance Energétique) ou encore de la certification H&E (Habitat et Environnement).

Dans ce nouveau tournant planétaire, le Maroc, dont la conscience écologique s’est développée depuis le sommet de Rio en 1992, s'est engagé lors des dernières années dans un processus de réhabilitation et d’intégration du développement durable dans sa politique socioéconomique. Cet engagement s’est renforcé par plusieurs initiatives de Sa Majesté le Roi Mohammed VI et s’est solidifié par la nouvelle constitution adoptée en juillet 2011. La nouvelle constitution marocaine a ancré le principe du développement durable et la protection des ressources naturelles en reconnaissant le droit à un environnement sain et au développement durable (Art. 31 à 35).

Plusieurs instruments et documents incitatifs et législatifs ont accompagné cette nouvelle politique gouvernementale. Parmi ces instruments et documents, qui sont soit en vigueur ou en phase final de préparation, nous citons la CNE (Charte Nationale de l’Environnement), la SNPEDD (Stratégie Nationale pour la Protection de l’Environnement et le Développement Durable), le PANE (Plan d’Action National pour l’Environnement), le PNCC (Plan National de lutte contre le Changement Climatique), la CNAT (Charte de l’Aménagement du Territoire), le PNDM (Plan National de gestion des Déchets Ménagers) ou encore le PNAL (Plan National d’Assainissement Liquide et d’épuration des eaux usées) et le projet de règlement thermique de construction. Mais, malgré un certain progrès enregistré depuis le sommet de Rio en 1992, on se permet d’avancer qu’en matière de planification et d’enrichissement de l’arsenal juridique l’impact de ce progrès sur le terrain et sur la vie quotidienne des citoyens reste, malheureusement, limité notamment en ce qui concerne l’habitat écologique.

Le séminaire organisé mi-avril dernier, conjointement par le département du ministère de l’Habiat Nabil Benabdellah et la Commission australienne de commerce, sur le savoir-faire Australien dans le domaine du bâtiment vert et l’efficacité énergétique donne un signal positif. D’après monsieur le ministre, le bâtiment est l’un des plus importants secteurs consommateurs d’énergie au niveau national avec une part de 36% dont 29% pour le seul segment résidentiel. Il se dit prêt à se lancer dans l’aventure de l’habitat écologique.

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